Au début du mois d’octobre 2020, par la voie du Premier ministre de l’économie, Monsieur Bruno Le Maire, le gouvernement annonçait des mesures de soutien à la transformation numérique des TPE et PME. Déplorant le fait que moins d’un tiers d’entre elles disposent de leur propre site Internet, l’exécutif a annoncé des mesures concrètes dont la possibilité pour les commerces de faire du «click & collect » et donc de continuer à vendre via le canal digital, à défaut de ne pas pouvoir accueillir leurs clients en magasin.
Parmi les mesures énoncées par le ministre, l’accès à une plateforme digitale : Ma vie Mon shopping. Que faut-il penser de cette solution créée par une filiale du groupe La Poste ? Est-il intéressant de se lancer ? Un examen s’impose…
Ma Ville, Mon Shopping : la plateforme
La plateforme Ma ville Mon shopping prend la forme d’une marketplace localisée, généralement à l’échelle d’une ville, regroupant les commerces qui s’inscrivent et choisissent d’y vendre leurs produits. Au-delà du site e-commerce, la plateforme inclut également la livraison des commandes, assurée par le groupe La Poste. La livraison peut également être effectuée par le commerçant lui-même qui peut, s’il le souhaite, proposer le click & collect à ses clients.
Lors du premier confinement, cette plateforme était proposée à titre gratuit aux professionnels. Depuis l’été, elle permet aux commerçants participants de s’inscrire, sans engagement et sans abonnement. Les auteurs de la plateforme Ma ville Mon shopping, quant à eux, se rémunèrent sur la base d’une commission de 5,5 % HT sur les ventes.
Et après la période de crise sanitaire ? La plateforme Ma ville Mon shopping promet un retour à la normale, avec « une collaboration transparente et sans engagement ». Ceci se traduit concrètement par la possibilité, pour les commerçants, de résilier leur abonnement à tout moment et sans condition… ou de continuer à vendre en ligne.
La promesse de la plateforme Ma ville Mon shopping semble répondre aux exigences des utilisateurs qui misent sur la rapidité, tant au niveau de leur inscription que de la mise en ligne d’un premier produit en vue de le vendre.
Aujourd’hui, ce sont plus de 5000 professionnels qui ont franchi le pas, mettant à profit cette initiative pour tenter de vendre une sélection de produits.
Ma ville Mon shopping : qui doit s’inscrire ?
À l’heure d’un nouveau confinement, il est certain que la plateforme Ma ville Mon shopping répond parfaitement aux impératifs de certains commerçants. Une solution déjà en place, qui semble fonctionner parfaitement, déjà bien rodée pendant la première période de confinement. La mise en ligne des produits, la gestion des stocks, l’achat… sur la plateforme, tout est relativement simple et c’est dans cet esprit qu’elle a été conçue.
Lorsque l’on est commerçant et que l’on doit soudainement baisser le rideau jusqu’à nouvel ordre, il est certain que la plateforme Ma ville Mon shopping offre une fenêtre ouverte vers une population locale captive sur la toile. Encore faut-il décider des produits à mettre en avant, ceux qui auront le plus de chances d’être vendus rapidement… Encore faut-il également que cette fameuse population locale veuille bien se diriger vers la plateforme pour y faire ses emplettes. Si le mécanisme de Ma ville Mon shopping fonctionne bien, a priori, l’adhésion des internautes, c’est-à-dire des clients, quant à elle, demeure inconnue. À côté de géant de l’e-commerce et autres marketplaces déjà bien établies, Ma ville Mon shopping peut-il faire le poids ? Rien n’est moins sûr…
Ainsi, les commerçants pressés et ceux qui souhaitent se rassurer en se disant qu’ils auront au moins essayé de vendre quelques produits sur Internet, ont tout intérêt à référencer quelques marchandises sur la plateforme Ma ville Mon shopping. Inscription gratuite, possibilité de se rétracter à tout moment… pourquoi refuser une telle offre ?
Les commerçants qui, avant l’apogée de la crise sanitaire, réfléchissaient quant à la possibilité de se faire une place sur la toile en mettant en œuvre une stratégie digitale (une vraie), ont, quant à eux, intérêt à réfléchir. Si la plateforme Ma ville Mon shopping répond à un besoin urgent, elle ne répond en rien à la pérennisation de la présence d’un commerce local sur Internet ni à sa visibilité.
Ma ville Mon shopping fait-il le poids sur le long terme ?
En référençant leurs produits sur Ma ville Mon shopping, il est possible que certains commerces tirent leur épingle du jeu et vendent quelques unités grâce à la plateforme de la filiale du groupe La Poste. Si l’on s’intéresse à cette solution en réfléchissant aux moyen et long termes, quel est l’avantage de la plateforme en termes d’image, de positionnement, d’e-réputation ? Bien au-delà de la vente de produits en ligne, ces éléments sont et ont toujours été indissociables de la présence d’une TPE – PME sur la toile.
Si l’effort par rapport à la présence sur Internet est envisagé par un commerce ou une entreprise locale d’une manière générale, pourquoi ne pas pousser la réflexion plus loin en réfléchissant à l’après-Covid ? Car, même si les temps ne sont pas propices à l’optimisme, il y aura forcément un après-Covid !
Le temps, l’énergie et l’effort requis pour faire partie de l’écosystème Ma ville Mon shopping, même s’ils sont négligeables en comparaison à la mise en place d’un site Internet e-commerce, méritent d’aller plus loin. Toute entreprise ayant songé, un tant soit peu, à une présence sur Internet avant la crise sanitaire, a tout intérêt à réfléchir quant aux possibilités qu’offre la toile pour son activité à long terme.
En créant son propre site Internet, plutôt que de compter sur la mise en place d’une plateforme d’intérêt général, toute entreprise bénéficie de nombreux avantages :
- – Un site dont elle est propriétaire à part entière, pour toujours ;
- – Un contrôle total sur son image et sa visibilité auprès de ses clients et prospects ;
- – Une parfaite maîtrise des images et des textes publiés sur son site ;
- – Un message cohérent de bout en bout, de page en page ;
- – Un lieu d’accueil vers lequel elle peut diriger les internautes émanant des réseaux sociaux et des moteurs de recherche
- – Le contrôle sur la communication digitale qui bénéficie à son image seule plutôt qu’à un ensemble d’enseignes pouvant inclure des commerces concurrents
Ma ville Mon shopping… Une plateforme intéressante, certes… mais à envisager seulement comme solution très temporaire. Toute TPE – PME souhaitant faire, du digital, son cheval de bataille, mérite d’aller plus loin. Et si l’on prenait le temps de discuter de la pérennisation de votre entreprise grâce au digital ?